CHALLENGER

Second étage orbital de navette spatiale opérationnel, Challenger (OV- 099), débuta comme prototype de haute fidélité et subit 11 mois de tests intensifs de vibration, puis devint un engin volant à part entière. Son nom vient de celui du vaisseau de recherche de la marine américaine qui sillonna l'Atlantique et le Pacifique dans les années 1870. Le module lunaire Apollo 17 portait aussi ce nom.

Challenger sortit de l'installation Palmdale de la société Rockwell le dernier jour de juin 82 et fut transporté au centre spatial Kennedy quelques jours plus tard. Des problèmes de fuite de carburant retardèrent son premier vol, de janvier jusqu'au 4 avril 1983. Ce vol était le sixième jamais réalisé par une navette spatiale. Il était également le premier des dix vols effectués par Challenger. Le dixième, en janvier 1986, se termina en désastre car l'étage orbital se désintégra dans une explosion catastrophique peu après le décollage. Les sept membres d'équipage qui périrent furent les premiers astronautes américains à disparaître en vol spatial.

 

Durant sa courte vie, Challenger boucla 987 orbites terrestres et totalisa plus de 69 jours dans l'espace. Elle réalisa un certain nombre de premières spatiales : son vol inaugural (STS-6) vit le déploiement du premier satellite d'observation et de retransmission de données (TDRS-1) et l'essai des nouvelles combinaisons spatiales par Donald Peterson et Story Musgrave.

 

  Lors de son deuxième vol (STS-7) Sally Ride devint la première américaine à voler dans l'espace. Au troisième (STS-8) Challenger fit les premiers lancement et atterrissage de nuit. Au quatrième (STS-41B) Bruce McCandless devint le premier astronaute à effectuer une marche dans l'espace sans câble d'amarrage, utilisant le MMU (Manned Maneuvring Unit : unité de manœuvre habitée) jusqu'à 30 mètres de l'étage orbital.

 

Le point culminant de la mission fut le moment où Challenger devint le premier étage orbital à atterrir au Centre Spatial Kennedy.

 

Le MMU fut à nouveau utilisé lors de la mission suivante de Challenger (STS- 41C) pour la spectaculaire marche dans l'espace de George Nelson et James van Hoften afin d'intercepter et de réparer le satellite Solar Max qui fonctionnait mal. Cette mission vit aussi le déploiement du LDEF (Long-Duration Exposure Facility : installation à exposition de longue durée). Sally Ride fit son second vol dans l'espace lors de la sixième mission de Challenger (STS-41G), en compagnie de Kathyn Sullivan, qui devint la première américaine à marcher dans l'espace. Challenger emporta vers l'espace les modules Spacelab lors de ses trois vols suivants, en 1985.

 

Lors du vol STS-51B, l'équipage de Spacelab 3 était accompagné par deux singes et 24 rongeurs. Lors du vol STS-51F la masse satellisable de Spacelab 2 comprenait un "igloo" contenant des systèmes de contrôle automatique. La mise sur orbite fut annulée au décollage en raison de l'arrêt prématuré d'un des moteurs principaux.

 

Lors de son dernier vol complet (STS-61A), Challenger, avec un équipage record de 8 astronautes, transportait Spacelab D1 pour une mission réservée à l'Allemagne, en grande partie financée par celle-ci. La 10e mission de Challenger, et aussi la dernière (STS-51L), fut surnommée le "vol du professeur" car le professeur Christa McAuliffe y participait et devait donner les premiers cours depuis l'espace.

 

Mais il n'en fut pas ainsi : le 28 janvier, 73 secondes après ce qui parut un décollage parfait, Challenger se transforma en une boule de feu et l'étage orbital se désintégra. Les sept membres d'équipage périrent dans l'incendie. Aux côtés de Christa McAuliffe, se trouvaient Richard Scobee, Michael Smith, Judith Resnik, Ellison Onizuka, Ronald McNair et Gregory Jarvis. Alors que la nation portait le deuil et que tous les vols de navette étaient suspendus pour une durée indéterminée, une opération de sauvetage de grande envergure s'organisa pour retrouver ce qui restait de Challenger, au large de Cap Canaveral.

 

Au cours des sept mois suivants, on repéra et ramena près de la moitié de l'étage orbital. Après analyse, les restes méconnaissables de ce qui fut la magnifique machine volante Challenger furent transférés et laissés dans un centre abandonné de fabrication de missiles Minuteman, à la base de l'armée de l'air de Cap Canaveral. Ils sont un rappel du danger permanent qui guette tous ceux qui osent s'aventurer dans l'espace.