Histoire des Soyouz

1966 A 1997

1966

 

28 novembre 1966 - Cosmos 133 (Soyouz 7K-OK)


Premier test en vol du vaisseau orbital Soyouz 7K-OK. A l'origine, le test prévoyait le lancement, le lendemain, d'un second vaisseau Soyouz devant s'arrimer automatiquement avec Cosmos 133. Cependant, le système de contrôle d'attitude de Cosmos 133 connut une défaillance qui provoqua rapidement l'épuisement du carburant disponible pour l'orientation et le vaisseau se mit à tournoyer à raison de 2 tr/min. Après d'héroïques efforts du contrôle au sol et cinq tentatives de mise à feu en deux jours, le vaisseau fut finalement placé sur une trajectoire de retour. Mais, après calcul, il apparut que la capsule atterrirait en Chine. La commande de destruction en vol fut activée et le vaisseau explosa le 30 novembre à 10:31 GMT.

14 décembre 1966 - Cosmos 140A (Soyouz 7K-OK)
Deuxième vol d'essai du Soyouz 7K-OK (le vaisseau qui devait s'arrimer en vol avec Cosmos 133), aux conséquences désastreuses. TA la mise à feu, l'étage central s'alluma mais pas les boosters accolés. L'arrêt des moteurs fut commandé, les tours de service furent ramenées autour de la fusée et les équipes au sol entamèrent la procédure de vidange des réservoirs. C'est alors que le système de sauvetage de la capsule, qui avait reçu le signal que le lancement avait eu lieu mais avait détecté que la fusée n'était pas partie, se mit en action et arracha la capsule de la fusée, provoquant l'incendie des réservoirs du troisième étage et une violente explosion qui endommagea gravement le pas de tir, tua au moins une personne et en blessa de nombreuses autres.

1967

 

7 février 1967 - Cosmos 140 (Soyouz 7K-OK)
Troisième vol d'essai du Soyouz 7K-OK. Le vaisseau connut des problèmes de contrôle d'attitude qui occasionnèrent une surconsommation de carburant, mais demeura contrôlable. Une tentative de manoeuvre au cours de la 22eme orbite révéla la persistence des problèmes du système de contrôle. Un nouveau dysfonctionnement se produisit encore au cours du rétro-freinage, conduisant à une rentrée atmosphérique trop franche et provoquant un trou d'une trentaine de centimètres dans le bouclier thermique Bien qu'un tel dommage eût été fatal à tout équipage les systèmes de récupération de la capsule fonctionnèrent de façon optimale et la capsule s'écrasa dans la couche de glace recouvrant la mer d'Aral, une centaine de kilomètre avant la zone d'atterrissage prévue. Le vaiseau sombra dans une dizaine de mètre d'eau et dût être récupéré par une équipe de plongeurs. La mission fut cependant considérée comme suffisamment positive pour envisager dès la mission suivante l'arrimage de deux vaisseaux habités et un spectaculaire transfert d'équipage.

23 avril 1967 - Soyouz 1 / Vladimir Komarov (Soyouz 7K-OK)
En dépit des différents dysfonctionnements apparus au cours des trois premiers essais du Soyouz 7K-OK (Cosmos 133, Cosmos 140A, et Cosmos 140), Brejnev et Oustinov pressèrent Michine de procéder à une tentative habitée de rendez-vous, d'arrimage et de transfert d'équipage. Komarov avait été désigné pour piloter Soyouz 1, qui serait lancé en premier. Soyouz 2, avec Bikovsky, Khrounov, and Elisseiev à son bord, devant être lancé le lendemain, Khrounov and Elisseiev ayant pour mission d'effectuer une sortie extra-véhiculaire pour rejoindre Soyouz 1 et rentrer avec Komarov. Cette mission devait non seulement montrer la supériorité de la technologie soviétique, mais aussi valider plusieurs éléments clés (rendez-vous orbital, arrimage, transfert d'équipage par sortie extra-véhiculaire) du programme lunaire soviétique.
Quoi qu'il en soit, immédiatement après l'insertion sur orbite, les problèmes de Komarov commencèrent. L'un des deux panneaux solaires ne s'est pas déployé, restant replié autour du module de service. Bien que seulement la moitié de la puissance électrique fut disponible, une manoeuvre du vaisseau fut tentée, mais celle-ci échoua en raison de l'interférence du flux sortant du système de contrôle de manoeuvre avec les capteurs de flux ioniques, utilisés comme principale méthode d'orientation du Soyouz. La décision fut alors prise de ramener Komarov sur Terre. La première tentative de rétro-freinage échoua - les systèmes automatiques du vaisseau ne pouvaient réaliser l'orientation parce qu'au moment du rétro-freinage le vaisseau se trouvait dans une "poche" ionique - une zone de faible densité dans laquelle les capteurs ne peuvent pas détecter avec précision la direction du mouvement du vaisseau. Un rétro-freinage manuel fut décidé pour l'orbite suivante. La manoeuvre devant intervenir dans la zone d'obscurité, Komarov ne pouvait pas utiliser le viseur optique Vzor pour orienter son vaisseau. Une nouvelle méthode d'alignement par visée de la Lune à l'aide du périscope fut donc improvisée d'urgence.
La rentrée atmosphérique fut réussie et le parachute auxiliaire se déploya. Mais, en raison de la défaillance d'un capteur de pression atmosphérique, le parachute principal ne se déploya pas. Komarov libéra le parachute de secours, mais il s'emmêla avec le parachute auxiliaire qui aurait dû être largué avec le déploiement du parachute principal. La capsule s'écrasa dans un champ, près d'Orienbourg, à 7 h 00 du matin. Komarov fut retrouvé mort, probablement tué sous le choc.

26 avril 1967 - Soyouz 2A / Valeri Bykovsky / Evgueni Khrounov / Alexeï Eliseiev (Soyouz 7K-OK)
La mission prévoyait l'arrimage avec Soyouz 1 et le transfert d'une partie de l'équipage (mission menée à bien ultérieurement par Soyouz 4 et 5). Le lancement fut annulé dès que furent connues les difficultés rencontrées par Soyouz 1.

27 octobre 1967 - Cosmos 186 (Soyouz 7K-OK)
Arrimage avec Cosmos 188. Récupéré le 31 octobre 1967. Premier test réussi des systèmes de contrôle d'attitude, de rendez-vous et d'arrimage du vaisseau Soyouz. Les deux vaisseaux furent récupéré sans connaître de problèmes particuliers.

30 octobre 1967 - Cosmos 188 (Soyouz 7K-OK)
Arrimage avec Cosmos 186. Récupéré le 2 november 1967. Premier test réussi des systèmes de contrôle d'attitude, de rendez-vous et d'arrimage du vaisseau Soyouz. Les deux vaisseaux furent récupéré sans connaître de problèmes particuliers.

1968

14 avril 1968 - Cosmos 212 (Soyouz 7K-OK)
Arrimage avec Cosmos 213. Récupéré le 19 avril 1968. Deuxième test réussi des systèmes de contrôle d'attitude, de rendez-vous et d'arrimage du vaisseau Soyouz. Les deux vaisseaux furent récupéré sans connaître de problèmes particuliers.

15 avril 1968 - Cosmos 213 (Soyouz 7K-OK)
Arrimage avec Cosmos 212. Récupéré le 20 avril 1968. Deuxième test réussi des systèmes de contrôle d'attitude, de rendez-vous et d'arrimage du vaisseau Soyouz. Les deux vaisseaux furent récupéré sans connaître de problèmes particuliers.

27 août 1968 - Cosmos 238 (Soyouz 7K-OK)

Récupéré le 1er septembre 1968. Test final du vaisseau Soyouz 7K-OK revu et corrigé avant la mission habitée Soyouz 2/3.

25 octobre 1968 - Soyouz 2 (Soyouz 7K-OK)
Vol conjoint avec Soyouz 3. Récupéré le 28 octobre 1968. L'arrimage avec Soyouz 3 échoue.

26 octobre 1968 - Soyouz 3 / Gueorgui Beregovoi (Soyouz 7K-OK)
Vol conjoint avec Soyouz 2. Récupéré le 30 octobre 1968. Premier vol de Soyouz réussi mais échec de l'arrimage avec Soyouz 2.

1969

 

14 janvier 1969 - Soyouz 4 / Vladimir Chatalov (Soyouz 7K-OK)
Arrimage avec Soyouz 5. Récupéré le 17 janvier 1969. Echange d'équipage avec Soyouz 4. Cette mission avait pour but de démontrer la faisabilité d'un arrimage en orbite avec transfert d'équipage dans l'optique du programme lunaire. En effectuant ce transfert, Khrounov et Eliseiev évitèrent le plus spectaculaire incident de l'ère spatiale : la rentrée "tête la première" du module de descente de Soyouz-5, toujours arrimé au module de service.

15 janvier 1969 - Soyouz 5 / E.Khrounov / B.Volynov / A.Eliseiev (Soyouz 7K-OK)
Arrimage avec Soyouz 4. Récupéré le 18 janvier 1969. Transfert de Khrounov et Eliseiev à bord de Soyouz 4, exploit qu'il auraient dû accomplir deux ans auparavant lors de la mission annulée Soyouz 2. Volynov resté seul à bord de Soyouz 5 dût faire face à ce qui demeure encore la plus incroyable rentrée qui fut jamais vécue. Le module de service du vaisseau Soyouz ne parvint pas à séparer après le rétro-freinage. Alors que ce type d'incident s'était produit plusieurs fois déjà lors de missions Vostok ou Voskhod, c'était un problème beaucoup plus grave pour Volynov car le module de service était bien plus gros qu'un simple ensemble de rétro-freinage. En outre, dès qu'il commença à atteindre la couche dense de l'atmosphère, le vaisseau rechercha naturellement la position aérodynamique la plus stable - tête la remière, le lourd module de descente avec son écoutille en alliage léger en avant, le module de service, plus léger, avec sa base évasée vers l'arrière. Heureusement, les étais reliant les deux modules se brisèrent ou se consumèrent au début de la rentrée et Volynov réussit à repositionner le module de descente, bouclier thermique en tête, avant d'être grillé.

11 octobre 1969 - Soyouz 6 / Valeri Koubassov / Gueorgui Chonine (Soyouz 7K-OK)
Récupéré le 16 octobre 1969. A bord se trouvait le four à vide Vulkan pour des expériences de soudure sous vide dans le module orbital dépressurisé. Devait prendre de spectaculaires images filmées de l'arrimage de Soyouz 7 et Soyouz 8, mais la panne électronique du système de rendez-vous à bord des trois vaisseaux (causée par un nouveau test de pressurisation effectué avant la mission) n'a pas permis d'effectuer les manoeuvres de rendez-vous et d'arrimage.

12 octobre 1969 - Soyouz 7 / Anatoli Filipchenko / Viktor Gorbatko / Vladislav Volkov (Soyouz 7K-OK)
Récupéré le 17 octobre 1969. Devait s'arrimer à Soyouz 8 tandis que

Soyouz 6 filmait l'opération mais une panne électronique du système de rendez-vous à bord des trois vaisseaux (causée par un nouveau test de pressurisation effectué avant la mission) n'a pas permis d'effectuer les manoeuvres de rendez-vous et d'arrimage.

13 octobre 1969 - Soyouz 8 / Boris Chatalov / Alexeï Eliseiev (Soyouz 7K-OK)
Récupéré le 18ctobre 1969. Devait s'arrimer à Soyouz 8 tandis que Soyouz 6 filmait l'opération mais une panne électronique du système de rendez-vous à bord des trois vaisseaux (causée par un nouveau test de pressurisation effectué avant la mission) n'a pas permis d'effectuer les manoeuvres de rendez-vous et d'arrimage.

1970

 

16 janvier 1970 - Soyouz 9 / Adrian Nikolaiev / Vitali Sevastianov (Soyouz 7K-OK)

Récupéré le 19 juin 1970. Test de séjour de longue durée (18 jours). Au cours de ce vol de 424 heure et 286 révolutions, l'équipage réalisa un vaste programme de recherches scientifiques, technologiques et bio-médicales. Pour lutter contre les effets de l'apesanteur, les deux hommes effectuent deux séances de gymnastique par jour et porte le costume Pingouin qui simule les effets de la pesanteur. Au retour, l'équipage trouva la décélération pénible et on dut les aider à sortir de la capsule. Ils éprouvèrent de grandes difficultés à marcher, leurs corps semblent lourds et ils ont du mal à lever les bras. Leur sommeil sera perturbé pendant 4 ou 5 nuits et ils ne retrouveront leur poids qu'après une dizaine de jours. En dépit de cela, la mission fut assez concluante pour que le feu vert soit donné au programme de station orbitale.